L’abeille domestique insuffisante pour assurer de bons rendements dans les grandes parcelles

Dans certaines zones d’Amérique du Nord, l’absence de pollinisateurs est si problématique pour certaines cultures que des apiculteurs ne vivent plus que de la location de leurs ruches, leurs milliers de ruches, pour leur fonction pollinisatrice et non mellifère. Ce pis-aller à la pollinisation naturelle est-il tenable? Une étude internationale, menée pendant 5 ans en Afrique, Asie et Amérique du Sud, vient de démontrer que la seule augmentation de densité d’Apis mellifera ou d’Apis cerana, son équivalente asiatique, ne suffit pas à augmenter les rendements dans les grandes parcelles.

L’étude, publiée dans la revue Science le 22 janvier 2016, a analysé les effets de l’augmentation de la densité des insectes pollinisateurs dans les cultures qui en dépendent. Les résultats globaux montrent que l’abondance des pollinisateurs est à l’origine de 20% des écarts de rendements. Et que cette abondance est le facteur principal, devant l’eau, la densité des semis, les ravageurs… Dans le détail, les résultats sont plus surprenants: sur les parcelles de plus de 2 ha, l’augmentation de la densité des abeilles domestiques, quand elles sont les seules présentes, entraîne peu, voire pas, d’augmentation de rendement. En effet, avec plus de 3 espèces de pollinisateurs sur une parcelle, en augmentant leur densité grâce à l’apport de ruches, les rendements s’élèvent de 30% en moyenne. A contrario, moins il y a de diversité de pollinisateurs moins les rendements augmentent. Et cela, même si on augmente la densité des pollinisateurs par l’ajout de ruches. Sur les grandes parcelles de plus de 2ha, la végétation naturelle susceptible d’abriter des pollinisateurs sauvages est généralement rare et seules les abeilles domestiques, quand elles sont amenées aux abords, visitent les fleurs avec, semble t-il, un résultat, en terme de pollinisation, insuffisant pour entraîner une augmentation de rendement.

Si cette étude s’est portée sur la pollinisation des cultures dans les pays du sud, réputés, à tord, sans problème, ces résultats interpellent. Le déclin des populations de pollinisateurs, du fait de la pollution et l’utilisation de produits toxiques dans les cultures, ne pourra pas être éternellement compensé par l’abord de ruches d’abeilles domestiques. La biodiversité des pollinisateurs est indispensable aux rendements élevés attendus pour nourrir la planète. La présence de végétation sauvage autour des parcelles cultivées l’est donc aussi. Tout autant que l’arrêt de certains produits. L’ensemble de ces points étant bénéfiques à toutes les abeilles, domestiques comme sauvages.

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